mercredi 3 novembre 2010

Mercredi 3 novembre 2010 23:55:14 — En mains propres

Cher Guillaume,

J'ai bien reçu l'annonce de votre nouveau paiement, et vous en remercie. Je ne savais trop que faire, puisque PayPal ne me répondait pas, et que vous ne me disiez plus rien non plus. J'avais mis mon iPad de côté, considérant de toute façon qu'il était à vous. Je l'avais même retiré du Bon Coin. Et j'attendais, et j'attendais, et je respectais votre silence, en priant seulement qu'il ne fût pas consécutif à quelque aggravation de l'état de santé de votre sainte épouse. Car, eh! qu'est-ce qu'un iPad, quand les jours de l'être aimé sont en péril! Appelez-moi rêveur, traitez-moi de fou, mais je suis persuadé que, quels que soient les progrès que nous réserve la technologie, celle-ci ne remplacera jamais tout à fait l'amour. Bien entendu, elle peut d'ores et déjà suppléer, sinon totalement se substituer, à la femme dans la plupart de ses fonctions: vaisselle, ménage, cuisine, couture, éducation des enfants, etc. Mais l'amour, mon cher Guillaume, l'amour! Voilà où butera éternellement l'ingénierie, si avancée soit-elle!
Où en étais-je? Ah oui! J'ai donc reçu ces derniers jours, non pas un, non pas deux, non pas trois, mais bien quatre mails de PayPal d'un seul coup, comme si ces drôles voulaient sous ce déluge noyer les justes inquiétudes que j'avais conçues relativement à l'imprécision de leurs instructions, à l'occurrence inopinée de leurs erreurs au niveau du service, sans même parler du peu de réactivité de leur service client. Or, l'un de ces mails portait (en rouge) un alinéa bien peu fait pour me rassurer:

Nous vous signalons qu’en dépit des nombreuses pertes qu’ont subies la plupart des colis de nos clients, notre service courrier se chargera de suivre le colis qu’en ligne et le client le recevra numéro de suivi et vous serez crédité.

Diable! de nombreuses pertes de colis! la plupart des clients! À quel saint se vouer! Et arrivé à la fin de la phrase, mon Dieu, -- elle était tout bonnement incompréhensible! Comme dit le proverbe: « des mots qui se suivent ne forment pas nécessairement du sens ». Moi qui suis déjà peu familier du jargon commercial, j'avoue que ce morceau me laissa comme deux ronds de flanc, c'est-à-dire jaunâtre et tout tremblant. Hélas! me dis-je, hélas! Avec un tel avertissement, ce sera miracle si mon pauvre ami ivoirien voit jamais la couleur de son iPad. L'après-midi même, comme j'en parlais à la secrétaire de mon laboratoire, celle-ci s'exclama: « Mais, M. Bébert, ne savez-vous pas que M. Brieftauben, votre collègue d'hébreu, part précisément pour Abidjan ce week-end? Que ne lui confiez-vous point l'appareil! Il le donnera là-bas à votre acheteur, qui en outre économisera les frais de port! ». Je la regardai, émerveillé. Cette femme, quoique placée dans une position socialement subalterne, ne laisse pas de faire montre, par intervalles, des plus hautes capacités.
Le lendemain, tout était arrangé. M. Brieftauben (qui, si j'ai bien compris, est chargé du discours inaugural d'une nouvelle formation d'étude biblique), arrivera ce samedi 6 novembre à 19h50 à Port-Bouet (Abidjan) par le vol SN 229 de la compagnie Brussels Airlines. Postez quelqu'un avec une pancarte à votre nom. Il lui remettra le précieux objet en mains propres, et vous en effectuerez le paiement à ce moment (450€ tout rond au lieu de 494,41€!).

Ah! j'imagine d'ici votre joie, et votre soulagement! Voyez comme tout s'arrange! Reprenez espoir, et louez Jésus qui vous aime!

Bien amicalement à vous et à votre épouse,

Votre Bébert.

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