mercredi 10 novembre 2010

22:40:07 — un moment de compassion

Cher Guillaume,
Je suis navré d'apprendre vos soucis de santé. Souffrant moi-même d'un dérèglement chronique du transit intestinal, je sais combien il peut être gênant de devoir parfois rater un rendez-vous important pour cause de colique. La franchise avec laquelle vous m'avouez la véritable cause de vos absences à répétition fait donc vibrer chez moi une corde sensible. Sinon, j'aurais pu commencer à trouver extraordinaire, qu'avec tout ce que je fais pour m'assurer que votre iPad vous parvienne au plus vite et dans les meilleures conditions de sûreté, vous manifestassiez apparemment de votre côté si peu d'empressement à le récupérer. Aussi continuez, s'il vous plaît, à me parler avec cette même admirable franchise: avez-vous des soucis d'argent? J'imagine volontiers que les frais occasionnés par l'hospitalisation de votre épouse (survenue après que nous avions fixé le prix), jointe à votre actuelle surconsommation de papier-toilette, puisse avoir sensiblement grevé votre budget hi-tech. Voulez-vous renégocier le prix de vente? Dites-moi tout. Je suis à l'écoute. Il n'est rien que vous ne puissiez demander à un ami.
Mais, j'y songe, peut-être avez-vous également un problème de ce côté-là? Êtes-vous si délaissé que vous n'ayez autour de vous ni ami, ni proche, à envoyer faire une petite course à l'aéroport? La solitude est un terrible fardeau, surtout quand on n'a personne pour en porter la moitié. Mais vous n'êtes pas seul, Guillaume, vous n'êtes pas seul! Je vous offre solennellement mon amitié. Vous avez désormais en France un ami qui fera tout ce qui est en son pouvoir pour vous épauler dans les moments difficiles. Votre honnêteté, votre pudeur, votre inoxydable cordialité, la simplicité de vos manières, et jusques aux malheurs, hélas! dont vous avez bien voulu me faire part, vous ont finalement gagné toute ma confiance. Ou peut-être est-ce le simple résultat de votre propre confiance en vous-même? Car, comme le disait Goethe: « si vous avez confiance en vous-même, vous inspirerez confiance aux autres ». Mais eh! qui sait pourquoi deux âmes, soudain, se mettent à résonner à l'unisson!
Pardonnez ce long discours, cher Guillaume, pardonnez-le à un ami qui essaie de mettre un peu de baume sur votre pauvre cœur. Car je sens que votre déconvenue est sincère, et qu'au fond vous n'êtes pas plus que moi responsable des obstacles qui ont jusqu'ici retardé la conclusion de cette vente. Et puisque l'arrangement que nous avions conçu n'a rien arrangé du tout, nous allons revenir au plan 1, l'envoi par colissimo international. M. Brieftauben a dû arriver à Paris. Demain jeudi, c'est le 11 novembre, jour férié en France, et vendredi je fais le pont; mais lundi je passerai au bureau de mon collègue, et mardi matin au plus tard, votre colis partira, pieds et poings liés, avec le rabais dont nous serons entre-temps convenus! Enfin, me direz-vous! Oui, enfin! Mais qu'est-ce que ce délai, mon cher Guillaume, puisqu'il nous a permis de nous mieux connaître, et à moi de pouvoir me dire:
Votre ami,
Bébert!

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